Comme chaque soir en rentrant du travail, je vidais ma boîte à lettres, essayant d’extraire mon vrai courrier du tas de prospectus et publicités destinés à la poubelle.

Dans mon empressement j’ai même failli jeter une petite enveloppe blanche qui a eu la vie sauve in extremis. Arrivée chez moi, intriguée, je l’ai ouverte. Elle contenait un simple bristol blanc sur lequel était écrit au stylo bleu « Vous êtes délicieuse et cet ensemble saumon vous va à ravir… »

Je suis restée perplexe, tournant et retournant l’enveloppe entre mes doigts. Elle ne comportait que mes initiales, B.A., au stylo bleu. Aucune adresse, pas de timbre ou tampon, elle avait manifestement été mise dans ma boîte directement, sans passer entre les mains du facteur.

Me demandant de quel ensemble saumon il s’agissait, j’ai réalisé que la veille je portais des sous-vêtements saumon. Il faut savoir que, comme beaucoup de gens, en rentrant chez moi je me mets « à l’aise » . Les chaussures voltigent dans un coin de la pièce, la jupe ou le jean suit le même chemin. Souvent je déboutonne mon chemisier, et je m’installe dans mon sofa pour lire, ou regarder le journal télé, l’assiette du dîner sur les genoux.

Et la veille, j’avais de la lingerie saumon… C’était donc quelqu’un qui m’avait regardée; mon canapé est orienté face à la fenêtre. Je me suis approchée contre les doubles rideaux et j’ai examiné le paysage. Un petit immeuble en face, tout au plus six à huit fenêtres, et les quelques maisons étagées sur le coteau. Certaines un peu loin, quoique, avec une paire de jumelles…

Ce soir là, j’ai dîné toute habillée. J’ai rangé la lettre dans un coin et les jours suivants je n’y ai plus pensé.

Le mercredi suivant, en rentrant, j’ai trouvé dans la boîte à lettres un petit paquet plat, plutôt léger. Là encore sans aucune marque, nom, adresse ou tampon postal.

Arrivée chez moi je l’ai ouvert pour en sortir un ravissant ensemble, soutien-gorge et string, de couleur bleu lavande. J’ai eu un sursaut en lisant la marque; c’était du très haut de gamme, le genre de chose que, même en rêve, mon tout petit salaire ne m’aurait jamais permis.

Et puis une petite carte, avec la même écriture bleue que la semaine passée, avec ces simples mots « Merci d’avance… »

Merci d’avance ! Autrement dit, merci d’enfiler ceci et de vous promener devant la fenêtre ! L’individu ne manquait pas de culot. Agacée je suis allée à la fenêtre et j’ai fermé les doubles rideaux. Je me suis installée tranquillement pour dîner.

Quelques minutes plus tard mon téléphone a beepé. Un sms. « Oh, s’il vous plaît, non… »

Cette fois, plus le moindre doute, on me surveillait et le voyeur manifestait son dépit.

Je suis restée un long moment à tergiverser, partagée entre mon irritation devant cette situation incongrue et le fond de détresse qu’il y avait dans ce sms. Encore que, de la détresse dans un sms ! Sans doute mon imagination.

Et il n’y avait rien d’agressif dans tout cela, juste un peu inhabituel, et un peu troublant. Finalement j’ai ôté tous mes vêtements et j’ai enfilé le petit ensemble. J’ai tout de même remis mon chemisier, sans le boutonner, ainsi que je fais d’habitude. Je suis allée ouvrir les rideaux et, comme si de rien n’était, me suis vautrée dans mon canapé un livre à la main.

Une demi heure plus tard un second sms est arrivé. « Merci » . Rien d’autre, à comprendre que le spectacle était terminé.

Cela a duré six semaines. Chaque mercredi, en rentrant, je trouvais un petit paquet plat portant juste B.A. au stylo bleu et chaque mercredi soir je passais la soirée vêtue d’ensembles de lingerie tous plus jolis les uns que les autres.

Je m’y étais presque habituée au fond. J’avais sans doute affaire à un doux fantaisiste, fétichiste. Mais un fantaisiste qui avait tout de même des moyens; mon tiroir à linge contenait maintenant presque deux mois de mon salaire.
C’est cet aspect qui me gênait, l’impression d’être une fille entretenue.

J’aurais donné beaucoup pour savoir qui était derrière ça. Comme les sous-vêtements étaient toujours à ma taille précise, j’avais pensé un moment à une blague montée par un ex petit ami. Mais cela n’était pas convaincant, beaucoup de garçons sont capables de partager l’intimité d’une fille sans avoir la moindre idée de sa taille de soutien-gorge.

La grande question qui m’obsédait un peu était la finalité de tout ça. Qu’attendait-on de moi, était-ce un simple plaisir de voyeur ou plus que ça ?

Ce mercredi soir, en ouvrant l’habituel petit paquet, j’ai eu un sursaut. Ce n’était plus un ensemble, juste un soutien-gorge, rien d’autre. Hum, message clair encore une fois, l’épieur voulait me regarder aller venir le derrière et la foune à l’air.

J’ai hésité longtemps. Je ne suis pas spécialement pudibonde mais je suis facilement rétive à me montrer nue sur simple demande.

Et finalement je l’ai fait, cédant à une pulsion de provocation, et peut-être aussi d’excitation. Pas de chemisier non plus cette fois, j’ai passé ma soirée en soutien-gorge.

Je me savais observée, je me demandais ce qu’il faisait. Juste prendre son plaisir à contempler ou peut-être se masturbait-il. Il ou elle d’ailleurs, je n’en savais rien. Vu le prix de la lingerie j’avais écarté l’hypothèse d’adolescents farceurs.

Mercredi, de retour chez moi, l’habituel paquet dans ma boîte. J’y avais pensé pendant la semaine, me demandant un peu comment les choses allaient évoluer. La semaine précédente, avec un envoi contenant le seul soutien-gorge avait quelque peu cassé une routine installée. Je m’étais même dit que peut-être, s’il avait un peu d’humour, il allait m’envoyer un paquet vide pour me faire comprendre que…

Surprise à l’ouverture, et une surprise de taille. Pas de lingerie du tout mais un vibro et un modèle sophistiqué. Stimulation double, vaginale et anale, multi vitesses, et tout et tout. Un vrai concentré de technologie lubrique.

Là ça allait loin tout de même, je me voyais mal lui donner du film porno face à ma fenêtre. Et puis, au fond du paquet, quelque chose a attiré mon attention. Un masque, un petit masque genre fête vénitienne, un loup en satin avec un bord en résille. Curieux…

Et j’ai réalisé que mon espionneur devait prendre des photos. Probablement depuis le début. Il avait sans doute un de ces gros objectifs de paparazzi. A y réfléchir j’en étais sûre. Et la présence de ce masque s’expliquait, une manière de me faire comprendre que j’étais photographiée et que si je ne souhaitais pas être immortalisée à visage découvert dans une activité scabreuse, il m’en offrait la possibilité.

L’attention en était presque délicate de la part d’un pervers voyeur. En tous cas elle prouvait une certaine élégance.

J’ai eu du mal à me décider, là on m’en demandait un peu beaucoup. J’ai dîné tranquillement assise sur mon canapé, le paquet ouvert posé à mon côté. S’il me regardait en ce moment, il pouvait au moins savoir que je n’avais pas tout jeté à la poubelle dans un accès de colère.

Après dîner j’ai fermé mes doubles rideaux et suis allée prendre ma douche. Je suis revenue, nue; j’ai enfilé le masque, j’ai réouvert les rideaux, je suis retournée m’asseoir face à la fenêtre.

J’ai commencé à me caresser, des deux mains, lentement, les seins, le ventre. Ah, on voulait du spectacle, j’allais en donner.

J’ai glissé la main à ma vulve, glissant deux doigts, me frottant lentement de bas en haut, écartant les cuisses du plus que je pouvais.

Puis j’ai pris l’appareil dans le paquet, le réchauffant dans mes mains, le suçant lentement pour bien l’enduire de salive. Et je me le suis enfoncé, lentement, avec un peu de maladresse, c’était la première fois que j’utilisais un double.

Pendant quelques minutes je me suis stimulée avec, sans le mettre en route, juste de lents mouvements de va et viens. Et je l’ai démarré, en petite vitesse.

J’ai vraiment pris du plaisir, je dois l’avouer. Les sensations procurées, bien sûr, mais aussi le fait de savoir que le donateur pouvait apprécier l’usage de son cadeau. J’aurais presque eu envie de dire merci, si j’avais simplement su qui remercier. Et je me suis concentrée sur mon plaisir qui montait lentement…

En rentrant le mercredi suivant, je me demandais vraiment ce qu’il allait avoir inventé cette fois ci.

Mais ma boîte aux lettres était vide. Et les mercredi qui ont suivi aussi. Je n’ai plus jamais eu de nouvelles, comme s’il considérait être arrivé à ses fins. Avait-il déménagé ? Ou peut-être se caressait-il devant sa collection de photos. Je ne le saurais sans doute jamais…